Conte : les quatre petits dragons et les deux Alain
Il était une fois
dans un petit village de Champagne quatre petits dragons de bronze qui vivaient
accrochés, le jour aux quatre coins d'une grande salle de réunion.
Deux d'entre
eux étaient très tristes : il y a bien longtemps, à la
suite d'un nettoyage plutôt brutal, quelqu'un leur avait cassé
une aile. Malgré tout, vaille que vaille,. ils s'en étaient
fait une raison et volaient ainsi de guingois.
Dans cette salle
les habitants du village se réunissaient pour discuter des affaires
de la communauté : on appelait cela le Conseil
Municipal.
Ce que ne savaient
pas ces gens, c'est que la nuit les petits dragons prenaient vie et virevoltaient
dans cette grande pièce. Leurs amusements principal était de
s'accrocher au grand lustre central, de faire des parties de cache-cache,
d'attraper les mouches qui traînaient par-là et de faire les
quatre cents coups.
Par le trou d'un
carreau cassé, ils rodaient la nuit dans les rues du village et veillaient
sur le sommeil des citoyens. C'étaient de bien gentils dragons : dès
que l'aube se levait, ils rejoignaient leur quatre murs pour soutenir dans
leur gueule les belles lampes qui devaient éclairer, à la nuit
tombée, les réunions des conseillers.
Un jour, ces
conseillers décidèrent de repeindre la grande salle et les petits
dragons en furent bien contents. Aussi, quelques jours plus tard, trois hommes
en blanc appelés peintres vinrent travailler. Pour blanchir le plafond,
ils devaient descendre le grand lustre. Et ce qui devait arriver arriva :
les peintres cassèrent une branche du candélabre et les petits
dragons en furent bien malheureux.
Les conseillers
voulurent alors le réparer et virent à ce moment là que
des ailes manquaient à deux petits dragons.
Surprises
et stupeur ! Quel problème ! Comment faire ?
Après
bien des discussions avec Monsieur le Maire on trouva une réponse
à ces angoissantes questions. Il y avait au sein de la docte assemblée
deux messieurs prénommés Alain tous les deux.
L'un était
bijoutier artiste qui savait souder le métal et faire un moulage des
ailes, l'autre était médecin et aussi bricoleur, il pouvait ré
assembler le lustre, le nettoyer puis lui réparer ses vieux fils électriques.
Aussitôt
dit, aussitôt fait.
On souda la branche cassée, du bronze fut fondu dans le moule en plâtre
des ailes, le lustre retrouva sa jeunesse, les deux petits dragons de bronze
reçurent leurs ailes brillantes et pleines de vigueur. Tout ce petit
monde se trouva bientôt réinstallé dans la grande salle
toute neuve. Quelle joie de reprendre les jeux et les promenades nocturnes.
N'oublions pas
que les quatre petits dragons étaient très gentils : ils voulurent
remercier les deux Alains qui les avaient si bien soignés. Aussi
ne vous étonnez pas quand une réunion a lieu dans la grande salle,
si deux messieurs du groupe lèvent la tête pendant les débats
: les petits dragons leur font des clins d'il
et
leur sourient joyeusement.
C'est un secret entre eux. Personne d'autre ne le sait et ne le saura jamais.